Chanson au naphtalène






Pour les écueils-témoins que battent les ressacs
Pour le satin bleu dont se lange ton âge
Pour notre rêve surpris la main dans le sac
Pour la folie binaire qui t’invite au voyage

Pour l’enfant que tu portes dans le pli des jours
Pour le ciel que j’entrevois dans ta chair fendue
Pour les nuits qui la nuit se prennent pour le jour
Et les étoiles qui de leur ciel sont descendues 

Pour la fleur que tu gardes comme un secret
Pour le bleu informe qui nous lie et nous délie
Pour le rouge intime qui éclabousse les près
Pour le coquelicot dont s'est paré notre lit

Pour l’écheveau kilométrique qu’on dévide
Pour Dieu qui nous regarde et nous sourit
Pour le temps de t’aimer qui me dessine des rides
Et la grimace de quand la mort m’aura surpris

Pour tout cela

Parmi les ombres j’irai me cacher

Lorsque le soleil m’aura craché

Toute sa lumière 

à la gueule.